
“Fond noir, points blancs comme une multitude d’embryons circulant dans le vide. Deux agents observent sur un moniteur d’activité la simulation d’une étude sur le milieu humain. Entre les déplacements des cellules représentant chaque individu, apparaît, relié à l’une d’elle, un double anormalement éthéré au mouvement irrégulier.”
Utilisée comme un outil de contrôle et de supériorité, l’image semble indissociable d’un inquiétant pouvoir de distanciation. Si l’humain réduit à l’état de pixel peut mourir infiniment, la réalité d’un missile Hellfire* définit alors, dans le souffle de son explosion, un nouvel impact sur l’horizon d’une modernité dématérialisée.
Continuité d’une réflexion sur la spectralité de l’image et la part d’absence qui s’y reflète, mon travail interroge le souvenir et le fragment pensés comme des figures de l’impossible, une image sans repos dans l’ombre du réel.
Au travers d’installations sculpturales, cinématographiques et sonores, les récits que je développe font prendre au désastre la forme d’un renouveau, empruntant au numérique une dimension de cimetière virtuel, étirant alors une réflexion vers une poétique de l’infini.
Fragments, rêves et cadavres comme autant d’échos éloignés les uns des autres, portent le souvenir d’avoir un jour été reliés dans un possible passé d’une image survivante, nous survivant, “nous” devenu archives dans l’angle mort du virtuel.
* Texte inspiré du film Kairo, de Kiyoshi Kurosawa
* Missile antichar à guidage laser semi-actif, ou à guidage radar utilisé sur des drones tels que les MQ-1 Predator et MQ-9 Reaper
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